juillet 31, 2025 10:20 pm

Kigali, Rwanda – Le cardinal congolais Fridolin Ambongo a de nouveau suscité l’attention lors de son séjour dans la capitale rwandaise, Kigali, où il participe à la 20ᵉ Assemblée plénière du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM). Une rencontre d’envergure spirituelle, mais qui, cette fois, prend une tournure politique au regard des propos tenus par le prélat congolais.
Dans son discours prononcé ce jeudi, le cardinal n’a pas tari d’éloges à l’endroit du Rwanda, pays pourtant fortement critiqué par la communauté internationale, notamment les Nations Unies, pour son implication présumée dans les violences armées à l’Est de la République démocratique du Congo.
« Le Rwanda, comme cette sous-région, est une terre marquée par une mémoire douloureuse mais aussi par une guérison courageuse et un nouveau commencement. Le sang a beaucoup coulé dans cette partie de l’Afrique et le sang continue à couler dans cette partie de notre continent », a déclaré Fridolin Ambongo.
Des propos qui traduisent une forme d’admiration pour le processus de reconstruction rwandais, et indirectement, pour son leadership politique. Une position qui tranche avec la posture de nombreuses organisations congolaises et internationales, qui dénoncent avec fermeté les actes attribués au régime de Paul Kagame, y compris des crimes de guerre sur le sol congolais.
Déjà, en avril dernier, le cardinal avait salué le « leadership responsable » de Paul Kagame, provoquant l’incompréhension chez une partie de l’opinion publique congolaise, qui voit dans ces sorties une ambiguïté politique aux conséquences regrettables sur la mémoire des victimes des conflits à l’Est.
un silence assourdissant sur les crimes en rdc ?
Alors que Kinshasa multiplie les dénonciations contre Kigali pour son soutien au M23, et que les rapports onusiens s’accumulent contre l’implication militaire du Rwanda dans les violences au Nord-Kivu, les propos du cardinal Ambongo paraissent en décalage avec l’indignation nationale. Certains observateurs s’interrogent : pourquoi un prélat aussi influent semble-t-il éviter de pointer les responsabilités actuelles du Rwanda dans la crise humanitaire que traverse la RDC ?
un prélat influent, une parole scrutée
En tant que membre du Conseil des cardinaux du pape François, Fridolin Ambongo incarne une voix importante de l’Église catholique africaine. Ses prises de position sont donc loin d’être anodines. Si ses propos visent la réconciliation et la paix, certains redoutent qu’ils affaiblissent le discours de vérité que réclament les victimes congolaises.
En RDC, l’émotion est palpable. Des voix s’élèvent, notamment dans la société civile, pour rappeler que la mémoire des victimes congolaises mérite respect, reconnaissance et justice — pas des amitiés silencieuses.
Coco Kingson




